Avec Susumu Ogata, Kazuya Inoue, Koichiro F.O. Pereira, Masato Nomura, Hatsune Sakai, Katsuya Tanabe, Kanako Nishida
Texte et mise en scène Kurô Tanino
Traduction française Miyako Slocombe
Régisseurs Masaya Natsume, Kodachi Kitagata
Scénographie Takuya Kamiike
Assistant scénographie Kanako Takechi
Créateur lumières Masayuki Abe
Créateur son Koji Shiina
Lumières Risa Noguchi
Tournée Shimizu Tsubasa, Chika Onozuka

Avec le soutien de Arts Council Tokyo, de la Japan Foundation et de l'Office National de Diffusion Artistique
En partenariat avec la Maison des Cultures du Japon


Né à Toyama en 1976, Kurô Tanino fonde la compagnie de théâtre Niwa Gekidan Penino en 2000 alors qu’il est étudiant en médecine à l’Université de Showa. Psychiatre de formation, il met un terme à sa carrière pour se consacrer pleinement à la dramaturgie et à la mise en scène. Les productions de la compagnie, mises en scène avec un grand soin du détail, sont basées sur son imagination et ses obsessions.

Dès 2007, il crée avec sa compagnie : Egao no Toride (2007) et Hoshikage no Jr. (2008). En 2009, il présente Frustrating Picture Book for Adults au festival HAU en Allemagne, en 2010 au Theater Spektakel en Suisse, et en 2011 auNEXTArts Festival en France. En 2012, il présente The Room, Nobody know sau Festival d’Helsinki. En 2014, il participe au Festival Theater der Welt en Allemagne, et aux Wienerfestwochen avec Box in The Big Trunk, qu’il présente à Kaserne Basel la même année. En 2015, il crée Käfig aus Wasser à Krefeld, en Allemagne, et Homage for Cantor by Tanino and Dwarves présenté au Tokyo Metropolitan Theater. Il obtient le 60e Kishida Drama Award en 2016 pour sa pièce Avidya – L’Auberge de l’obscurité,présenté au T2G, Théâtre de Gennevilliers - Centre dramatique national.

Egao no Toride fut nommé pour le Kishida Prize for Drama en 2008. Cette création très remarquée fut l’objet d’une nouvelle version en 2018, re-création avec une équipe renouvelée, à l’occasion du Toyooka Art Season.


Une saveur désordonnée

Peintre, auteur, metteur en scène et psychiatre. C’est peu de dire que Kurô Tanino a plusieurs facettes qu’il relie immanquablement à la scène, terrain d’expression privilégié de ce natif de Toyama, sur la mer du Japon, qui se joue de l’humour, flirte avec le surréalisme et explore parfois les tréfonds de la psyché japonaise. Ainsi, dansThe Dark Master et Avidya-L’Auberge de l’obscurité,les deux spectacles présentés dans le cadre du Festival d’automne 2018.
Kurô Tanino occupe ses premières années à s’immerger dans l’univers du dessin et de la peinture, sa « première forme de jeu », qu’il expérimente jusqu’à l’obsession et qui l’amène à présenter des oeuvres à tous les concours. Le jeune garçon est aussi un farceur. Un jour de forte pluie, il ressent « une atmosphère de guerre ». Il convainc ses camarades de se mettre nus et de simuler une charge d’infanterie sous le déluge, les parapluies en guise de fusils. « Comme nos pénis étaient à l’air libre, on m’a surnommé “Penino”. » Il a gardé le sobriquet pour le nom de sa compagnie, Niwa Gekidan Penino.
« Je considère toujours que les farces font partie de mon processus créatif. »

Juro Kara et Marcel Duchamp

Le choix de la psychiatrie est plus prosaïque. Il fallait bien manger et le jeune Kurô, fils de médecin, choisit donc la médecine. « Le fait que je choisisse une profession qui aille tant à l’encontre de ma nature prouve à quel point je suis fou », déclarait-il en 2011 dans un entretien donné à la Fondation du Japon. C’est pourtant à l’université qu’il crée sa compagnie et se lance vraiment dans le théâtre, rompant par là même avec la peinture, devenue trop oppressante.
Pour le style, il se dit très marqué par les créations de Juro Kara, l’un des chefs de file de l’angura, le « théâtre underground » qui bouleversa la scène nippone dès la fin des années 1950. Il sent alors qu’un texte n’est pas forcément nécessaire pour créer une pièce, si bien qu’il fonctionne plutôt avec des story-boards, ce qui peut donner à ses créations une « saveur désordonnée touchant au surréalisme » déclare Kyoko Iwaki de la Fondation du Japon.
Méticuleux et curieux, Kurô Tanino va jusqu’à transformer son appartement en un théâtre baptisé « Hakobune » (« arche »). « Je me suis rappelé comment Marcel Duchamp avait fabriqué des modèles miniatures de ses oeuvres, qu’il pouvait transporter avec lui. J’ai voulu créer quelque chose me permettant d’embrasser d’un regard tous les aspects de mon travail. »

Philippe Mesmer - LE MONDE

FORTRESS OF SMILES
(EGAO NO TORIDE)

Vendredi 3 décembre 20h30
Samedi 4 décembre 18h

1h50 – Salle Jean-Louis Barrault
Spectacle en japonais surtitré en français

C’est la fin de l’automne dans un petit village de pêcheurs au large de la mer du Japon ; deux appartements voisins divisés par une mince cloison où la vie semble immuable. Le quotidien se déroule, jour après jour, faisant apparaître les failles de chaque intimité. Ces espaces exigus et très réalistes contiennent un monde infiniment plus grand, la société contemporaine, celle de la 4G et des réseaux sociaux.
La promiscuité met en perspective la distance sociale grandissante et la perte de la rencontre avec l’Autre. Kurô Tanino est auteur, directeur de compagnie et metteur en scène. Depuis plus de dix ans, ses oeuvres l’ont fait connaître dans le monde entier.