Conception, écriture et mise en scène Raoul Collectif (Romain David, Jérôme de Falloise, David Murgia, Benoît Piret et Jean-Baptiste Szézot)
Comédiens Romain David, Jérôme de Falloise, David Murgia, Benoît Piret et Jean-Baptiste Szézot
Musiciens Philippe Orivel, Julien Courroye, Clément Demaria
Direction technique, arrangeur musical Philippe Orivel
Création sonore Julien Courroye
Régie générale, régie son Benoît Pelé
Régie plateau Clément Demaria
Régie lumière Nicolas Marty
Assistante à la mise en scène Yaël Steinmann
Seconde assistante Rita Belova
Scénographie Juul Decker
Costumes Natacha Belova

Chargées de production et diffusion Catherine Hance & Aurélie Curti
Production Raoul Collectif
Coproduction Théâtre National Wallonie-Bruxelles, Théâtre de Namur, Mars – Mons Arts de la Scène, Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine, Maison de la Culture de Tournai, La Coop asbl ; CDN Orléans/ centre-Val de loire
Avec le soutien de Wirikuta asbl 

Romain David, Jérôme de Falloise, David Murgia, Benoît Piret et Jean-Baptiste Szézot se sont engagés dans la voie quelque peu utopique, lente mais fertile de la création en collectif.

Après une formation à l’École Supérieure d’Acteurs du Conservatoire de Liège, ils fondent en 2009 le Raoul collectif et créent ensemble Le Signal du promeneur (2012) notamment primé au Festival Impatience, puis Rumeur et petits jours (2015) et Une Cérémonie (2020), tous deux présentés au Festival d’Avignon. Ces spectacles, salués par la critique, ont rencontré un large public.

Ils ont élaboré ensemble une méthode de travail qui prend en charge toutes les dimensions de la création (écriture, jeu, mise en scène, musique, scénographie) en n’excluant pas le recours à d’autres forces ponctuelles ou à des collaborations continues avec d’autres artistes, parmi lesquelles Yaël Steinmann et Natacha Belova.

De cette dynamique – sorte de laboratoire pratique de démocratie -, de la friction de leurs cinq tempéraments se dégage une énergie particulière, perceptible sur le plateau, une alternance de force chorale et d’éruptions des singularités, une tension réjouissante, tant dans le propos que dans la forme, entre rigueur et chaos, gravité et fantaisie.


C’est bien une cérémonie qu’ils inventent ici, à la fois requiem et rite vital, retrouvant, à leur manière bricolée et modeste, le rôle sacré du théâtre. Mais ce qui est très fort dans ce spectacle-là, outre leur sens du burlesque et de l’absurde habituels, c’est leur manière de traduire, dans la forme même, l’empêchement, l’impuissance du temps. Tout, dans les corps, le rythme, le jeu, travaille sur une forme d’énergie déceptive, qui raconte l’époque exactement au bon endroit.
Fabienne Darge - LE MONDE

Faut-il se révolter ? Mais contre qui et avec quelles armes ? Entre les toasts, les chants, les masques, les apparitions de centaures ou de ptérodactyles, le Raoul Collectif célèbre surtout l’ivresse d’être ensemble. Et ça fait un bien fou ! (...) Avec Une cérémonie, soirée génialement foutraque où le rituel africain rencontre la savoureuse belgitude d'une fanfare déjantée, on chevauche hardiment sur le dos de rêves festifs, de poésie gaillarde, de sursauts pathétiques ou héroïques. Le Raoul Collectif embrasse très large, certes, mais cela ne l'empêche pas de nous étreindre fermement, tendrement, follement. 
Catherine Makereel - LE SOIR

Après Le Signal du Promeneur (2012), puis Rumeur et petits jours (2015), le Raoul Collectif poursuit sa route et fabrique un théâtre jouissif, alerte, pleinement attentif au vivant et au présent. Une cérémonie qui se cherche entre échappées oniriques et digressions fantasques (...) Le collectif creuse le sillon d’un théâtre rassembleur fait de fragments et intuitions, d’élans et digressions qui débordent et s’élèvent contre le conformisme et les diktats du néo-libéralisme. Bien sûr on ne peut s’empêcher de penser aux significations concrètes de cet appel à l’action. Que d’interprétations divergentes et d’inepties complotistes charrie aujourd’hui l’idée de révolte ! Mais le Raoul Collectif agit lui au présent du plateau, honorant de très belle façon les pouvoirs de l’imaginaire.
Agnès Santi - LA TERRASSE

UNE CÉRÉMONIE

Jeudi 5 mai 20h30
Vendredi 6 mai 19h30

CRÉATION 1h30 - Salle Pierre-Aimé Touchard

Après Rumeur et petits jours présenté au CDNO en 2018, le Raoul Collectif poursuit sa route et avec Une cérémonie fabrique un théâtre jouissif, alerte, pleinement attentif au vivant et au présent, qui se cherche entre échappées oniriques et digressions fantasques.

C'est peut-être à une cérémonie que nous sommes invités. Une cérémonie qui cherche ses règles et ses formes, qui hésite sur ses costumes et son protocole. On y devine l’histoire fantasmée d’un groupe en quête d’absolu, trimbalant ses idéaux, ses rêves et ses instruments de musique. On ne sera pas surpris qu’au cœur de ce nouveau spectacle, pointe la figure de Don Quichotte, Sancho Panza, du trio Rossinante ; un groupe de jazzmen abîmés des années 50, “chics et cramés” ; les musiciens du groupe de rock du film Leningrad cowboys go America de Kaurismäki ; Le vodoun ; Les Compagnons de l’Apocalypse dans Le Pendu de Saint-Pholien de Georges Simenon.


Dix ans maintenant qu’ils font œuvre dans une dynamique collective au cœur de leurs préoccupations politiques et artistiques, nous gratifiant de spectacles plus réjouissants les uns que les autres où le rire ne sacrifie en rien la pensée, toujours vive et subtile et par-dessus tout anticapitaliste et subversive. Après Le Signal du promeneur et Rumeur et Petits Jours, les cinq membres du Raoul Collectif abordent aux rives d’une troisième création qui, comme les précédentes, fait la part belle à la musique, intégrant, donnée neuve dans leur travail, la présence supplémentaire au plateau de trois musiciens. Une cérémonie emprunte ses références, motifs et figures tous azimuts au quichottisme de Cervantès, aux jazzmen stylés des années 50, aux rockeurs à banane et zéro potentiel commercial des Leningrad Cowboys d’Aki Kaurismaki, aux compagnons de l’Apocalypse dans Le Pendu de Saint- Pholien de Georges Simenon, ainsi qu’aux rituels vaudou pratiqués au Bénin auxquels les cinq compagnons de route ont assisté lors d’un voyage en Afrique, point crucial de leur recherche dramaturgique et musicale pour ce spectacle.

Depuis qu’il existe, le Raoul Collectif aime à multiplier ses sources d’inspiration pour mieux étoffer son propos et sa réflexion toujours à rebours du système qui nous enserre. Il nous offre vaillamment du rêve à mouliner, des images percutantes, des ambiances prégnantes, des paysages au goût d’ailleurs, et, last but not least, des échappées musicales délectables. Il puise sans complexe en des territoires de documentation variés allant de l’expérience de personnalités marginales et hors normes à divers romans et essais, philosophiques ou pas, en passant par le répertoire musical mondial. Et si les spectacles ainsi conçus grouillent de cette matière souterraine hétérogène qui irrigue chaque création et en fait la richesse interne dans un foisonnement perceptible, le résultat n’en est pas moins élaboré selon des enjeux scéniques construits, porteurs d’une ligne dramaturgique solide et syncrétique et la certitude indéboulonnable que le théâtre est un territoire de résistance et de perspectives neuves à partager. Sans quoi, à quoi bon. 

Une fois de plus le Raoul Collectif nous invite à l’exaltation des sens et de notre vitalité primitive, à l’ivresse communicative de la musique live, à un récit multiple et mouvant, à l’exaltation poétique, à l’aventure collective d’un groupe d’artistes fougueux et enthousiastes et se nourrit aussi à la source du présent à chaud, ce cataclysme sanitaire et social venu chambouler le mode d’emploi de nos vies et notre rapport au vivant tout court. Tels des Don Quichotte se battant contre des moulins à vent, armés de leur panache effronté, de leur esprit rebelle, de leur intelligence accordée, de leurs contradictions et convictions, le Raoul Collectif combat dans la joie et la bonne humeur tout ce qui nous pourrit l’existence, la soif du pouvoir, la pensée unique et figée, les dogmatismes de tout poil, la finance et le profit sans fin, les dégâts de l’arrogance capitaliste. Et fait de l’utopie une modalité essentielle à sa démarche créative, un terreau de jouvence et d’espoir, un étendard. 

Marie Plantin

EN REGARD

Dimanche 8 mai 18h
Les Maîtres fous
(France, 1955) Jean Rouch
Cinéma Les Carmes