Texte, scénographie, costumes et mise en scène Angélica Liddell
Avec David Abad, Yuri Ananiev, Federico Benvenuto, Nicolas Chevallier, Guillaume Costanza, Angélica Liddell, Borja López et Sindo Puche
Chanteurs Guy Vandaele, Frank Meeus et Andrew Pett
Escrimeurs paralympiques Alex Prior (champion d'Espagne de sabre) et Ayem Oskoz
Lumière La Cía de la Luz (Pablo R. Seoane)
Création sonore Antonio Navarro
Conception scénographie Readest Montajes, S.L.
Accessoires Francisco García-Calvo Rodríguez
Directeur de production Gumersindo Puche
Traduction en français Christilla Vasserot
Coproduction Iaquinandi S.L.Emilia Romagna Teatro ERT / Teatro Nazionale ; Festival Temporada Alta Girona ; Centre Dramatique National Orleans / Centre- Val de Loire
Avec le soutien de Teatros del Canal Madrid
Angélica Liddell fonde au début des années 1990 la compagnie Atra Bilis, en latin, la « bile noire », considérée par la médecine antique comme étant la source du génie et de la mélancolie. Un nom comme un programme décliné dans une vingtaine de pièces écrites par cette artiste espagnole, auteure, metteure en scène et interprète de ses créations. Traduits en anglais, roumain, russe, allemand, polonais, grec, portugais, japonais et italien, ses textes sont publiés en France, aux Solitaires Intempestifs, dans des traductions de Christilla Vasserot.
Ses dernières œuvres, L'Année de Ricardo, La Maison de la force, Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme, Tout le ciel au-dessus de la terre (Le syndrome de Wendy), Le Cycle des résurrections et Que ferai-je, moi, de cette épée ? ont été présentées au Festival d’Avignon, Wiener Festwochen, à la Schaubuhne de Berlin et à l’Odéon-Théâtre de l’Europe parmi beaucoup d’autres théâtres en Europe, Amérique du Sud, États-Unis et Asie. Angélica Liddell a reçu le Prix national de littérature dramatique en 2012 du ministère espagnol de la Culture pour La Casa de la fuerza, ainsi que le Lion d’argent lors de la Biennale de Venise 2013.
En 2022, Angélica Liddell a créé Caridad, premier volet d’une trilogie, au festival Tempora Alta de Girona à l’affiche au CDN d’Orléans en octobre 2023. Premières françaises !
En 2017, elle a été nommée Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres par le ministère de la Culture et de la Communication et a reçu le Prix de la critique du spectacle vivant en Catalogne pourThe Scarlet Letter en 2020.
PREMIÈRES FRANÇAISES 2H - Salle Jean-Louis Barrault
Coproduction CDNO
Spectacle en français et espagnol (surtitré en français)
À chacune de ses créations, l'artiste et performeuse espagnole Angélica Liddell fait résonner au plateau, lieu de l'émotion pure, un cri intime et universel, jetant en pâture sa propre souffrance et sa rage de vivre en les transcendant dans des performances d'une puissance inouïe où les logorrhées verbales le disputent à des tableaux vivants de toute beauté.
Avec Caridad, son nouveau projet inclassable et sans concession, elle nous invite à mesurer notre propre capacité à la compassion absolue et à la miséricorde à travers une approche de la peine de mort en neuf chapitres. Pour Angélica Liddell, la charité est la plus transgressive des vertus, professant un amour au-dessus des lois, un amour qui peut tout mais qui nous expose à un conflit moral. Inspirés des écrits de Georges Bataille sur le procès de Gilles de Rais, tueur en série du Moyen Âge et symbole aristocratique du mal, elle parie sur le pardon comme acceptation de la nature humaine dans toute sa crudité. Assimilant le criminel et l'artiste, elle nous propose un véritable « terrorisme de la beauté ».
Après la création de The Scarlet Letter en 2018 et deux spectacles présentés en 2021, Terebrante créé à Orléans et Liebestod, la déflagration du Festival d’Avignon cette même année, Angélica Liddell est de retour au CDNO cette saison avec Caridad.
CE QUI M'INTÉRESSE C'EST LA SUPRÉMATIE DE L'ESTHÉTIQUE
Le texte est comme une réflexion sur le pardon, sur la violence, sur l’aspect esthétique et cathartique de la douleur et de la souffrance, des autres et de la nôtre. D’où vient cette exigence de se concentrer sur ces aspects du vivre et du ressentir ?
Angélica Liddell: J’avais besoin d ‘explorer les limites de la morale pour défendre le monde de l’esthétique qui, à mon avis ne doit pas être gouverné par des messages positifs ou pleins d’espoir mais plutôt par la nature humaine dans toute sa crudité. Pour cela, je parle du « terrorisme de la beauté ». Dans l’art, l’immoral est éthique, ce n’est pas la peine d’y ajouter de la moralité. Aujourd’hui l’art est soumis au message revendicatif et motivationnel et l’on a oublié ce qui fait la beauté. En traitant la CHARITÉ dans sa connotation transgressive, je mets à l’épreuve la capacité du spectateur à éprouver de la pitié en le plaçant devant le fondement de l’état moderne, né au XVIIIe siècle avec la Révolution française. De cette façon, marquée par la philosophie de Bataille, il peut comprendre la signification de l‘art. Je propose un art sadien. La violence de la beauté lutte contre la violence réelle. Comme citoyens nous avons certaines responsabilités, mais comme artistes et spectateurs de l’art, nous violons toutes les règles et le paradoxe est là, nous jouissons, à travers le mal et l’immoralité nous faisons l’expérience d’une extraordinaire émotion esthétique que Kierkegaard appelle Anfægtelse, la crise et l’angoisse que nous éprouvons face à l’incompréhensible. En présence de l’art, nous ressentons la même angoisse que celle ressentie devant la loi. Au fond en parlant de la charité romaine et de la charité chrétienne, je demande pitié pour l’art qui est en train de pourrir et de se banaliser. Gao Xingjian dit : l’unique objectif de l’art doit être la beauté. Et la beauté est toujours violente. Et enfin il y a un autre thème : quelle part de ma violence intérieure puis-je libérer. Quelle part de mon intimité ? Quel secret sous-tend toute structure esthétique ?